Contexte des sexualités en France
Inserm - ANRS - MIE
2024
Sexe et Science
Menée auprès de 30 000 personnes en France, l’enquête « Contexte des sexualités en France » brosse un portrait statistique des pratiques et des représentations de la sexualité de 2023. Elle compare ces données à celles recueillies en 1972 et 2006 pour mettre en avant les évolutions de fond.
Parmi les principales conclusions :
- « Une plus grande diversité en même temps qu’une moindre intensité de l’activité sexuelle avec un·e partenaire. La diversification de l’activité sexuelle est visible à travers l’augmentation du nombre de partenaires de sexe opposé ou de même sexe, la prolongation de l’activité sexuelle aux âges avancés, ou l’extension des répertoires sexuels, notamment la masturbation. »
- « Une remise en question de la disponibilité sexuelle des femmes. Les résultats montrent en effet une diminution chez ces dernières, depuis 2006, de la fréquence des rapports sexuels acceptés pour faire plaisir à son ou sa partenaire sans en avoir vraiment envie soi-même. Et il semble que l’absence d’activité sexuelle soit vécue de manière moins problématique qu’autrefois chez les plus jeunes. De même, l’idée selon laquelle les hommes auraient “par nature” des besoins sexuels plus importants que les femmes, qui était majoritaire en 2006, ne l’est plus en 2023. »
- « Une remise en question de plus en plus marquée de la norme hétérosexuelle dans les représentations et dans les pratiques. L’acceptation sociale des sexualités non hétérosexuelles est bien plus forte qu’auparavant, même s’il existe encore des résistances marquées, et, bien que les discriminations à l’encontre des personnes qui ont des partenaires de même sexe et plus encore des personnes trans soient encore fréquentes et présentent des effets délétères sur la santé mentale de ces populations. Par ailleurs, la proportion de personnes qui s’engagent dans une sexualité non exclusivement hétérosexuelle augmente très nettement. »
- « Une augmentation continue des déclarations de violences sexuelles, une tendance qui a commencé bien avant le mouvement #MeToo. La mobilisation sociale croissante contre toutes les formes de violences sexuelles a modifié les cadres normatifs du consentement sexuel. La hausse des déclarations reflète donc à la fois la prise en compte par les enquêté·es d’événements qui n’étaient pas considérés auparavant comme des violences ainsi qu’une plus grande capacité à les dénoncer. Les résultats de cette nouvelle enquête dressent cependant un tableau de l’ampleur de ces violences qui demeure inquiétant, et les chrapportiffres portant sur les générations les plus jeunes attestent du caractère toujours très prégnant du phénomène. »
Les principales conclusions de cette enquête sont reprises et illustrées dans un podcast de France Culture « Dernières nouvelles du sexe : 20 ans d’évolution des sexualités ». Cette série de témoignages recueillis après de personnes de tous âges et tous milieux sociaux met en mot les données statistiques de l’enquête.
Sentiment très partagé à la lecture de cette étude :
- à la fois une folle joie de voir que la masturbation des femmes a presque doublé depuis 50 ans, que la disponibilité sexuelle des femmes et la norme hétérosexuelle sont autant questionnées. Les idées féministes font leur chemin !
- mais aussi, l’effroi de voir le chiffres sur les violences sexuelles qui sont loin de diminuer : elles atteignent 30% chez les femmes et 9% chez les hommes, pour la part déclarée de l’iceberg…
Quelle frustration de se rappeler tout le lot de violences qui continuent d’irriguer la sexualité alors que les outils pour les éviter sont très largement diffusés et connus…
Judith